Agé de bientôt 60 ans, puisque construit en 1950-1951, ayant navigué de la Baltique à la Méditerranée pendant presque toutes ces années et un peu négligé par son dernier propriétaire qui avait entrepris de le restaurer lui même «Gullveig » paraît un peu défraichi et mérite une sérieuse révision lors qu'il est racheté au printemps 2006 par ses nouveaux propriétaires.
« Gullveig » est donc convoyé par camion durant l'été 2006 et confié au chantier « Stagnol » à Bénodet en Bretagne sud pour sa restauration.
Il faudra plus d'un an de contrôles, d'expertises et de travaux pour remettre en état l'ensemble du bateau.
Après démontage de l'intérieur, seules les cloisons ont été laissées en place, la structure de la coque, varangues en chêne renforcées de structures en bronze ou en fer doux, membrures constituées de 6 plis de chêne lamellés-collés, se montre globalement saine. L'architecte Erik Salander n'avait pas tort de dire dans un article dans la revue suédoise «Tillrors» en juin 1952 que "Gullveig", qui répond aux critères +100A1 du Lloyd's Register, était particulièrement solide (trop robuste à ses yeux!).
Les boulons de quille, en bronze, sont démontés et sont comme neufs. Les boulons de la charpente, en fer doux galvanisé, sont également contrôlés et éventuellement changés pour des boulons en inox; essentiellement ceux de l'allonge d'étrave.
La coque est mise à nu. Aucun bordé, virule de 35 mm d'épaisseur en acajou du Honduras de la meilleure qualité, n'a besoin d'être changée. Seuls quelques petits remaillés sont nécessaires. Et, bien que « Gullveig » ait été mis au sec pendant plusieurs années (de 1999 à 2006), les bordés, à franc bord, sont pratiquement toujours jointifs.
Toutes les vis aux extrémités des virures et au niveau de la râblure sont extraites et remplacées une à une par des tirefonds en acier inox.
Une reprise partielle de l'étambot, en chêne, est jugée utile et un safran de gouvernail neuf est mis en place.
Le pont en teck de Birmanie, usé par 60 ans de bons et loyaux services est refait à neuf; la gouttière, ou plat bord, en excellent état est cependant conservée ainsi que le pavois dont la liaison est renforcée par des tirants en acier inox.
L'ensemble du barrotage, constitué de barrots en chêne ou en pin d'Oregon en parfait état, est également conservé (à l'exception de la partie arrière enlevée en même temps que le cockpit par le dernier propriétaire).
Il en est de même pour l'ensemble des ouvertures, du roof et de la cabine qui reçoivent cependant un nouveau revêtement permettant une peinture blanche comme à l'origine.
Le nouveau pont lui même est constitué d'une feuille de contre-plaqué marine doublée de lattes de teck collées, le tout faisant 30 mm d'épaisseur; l'étanchéité est assurée par des joints au « Sikaflex ».
Les ouvrants, claires voies et panneaux fatigués par le temps et l'usage, sont refaits en teck, comme à l'origine.
Le cockpit est également refait à neuf selon les plans d'origine.
Tout le gréement et l'ensemble de l'accastillage sont passés en revue. La mâture, « Sparlight » de 1962 ayant remplacé « à l'identique » celle en bois à la suite d'une violente tempête, est mise à nu, remise à neuf et repeinte.
Les cadènes de haubans sont démontées, revues, sont regalvanisées ou remplacées et sont donc comme neuves.
L'accastillage d'origine est conservé autant que faire se peut (enrouleurs de drisses, poulies, taquets, winchs d'écoutes, barre à roue et colonne de barre, ...), ou remplacé par du matériel équivalent. Un peu de modernisme est cependant toléré pour faciliter les manœuvres de mouillage avec l'installation d'un guindeau électrique en bronze.
La voilure est bien entendue revue, remise en état ou remplacée si nécessaire. Supprimée en 1962, pour faire moderne, la trinquette bômée est réhabilitée et remise en place.
La motorisation, l'électricité (câblages et tableaux électriques) ainsi que l'électronique sont remplacées par du neuf.
Une nouvelle peinture complète la remise en état de « Gullveig » qui est remis à l'eau en juillet 2007.
Cette remise à l'eau estivale de courte durée permet d'apprécier les qualités nautiques de « Gullveig ».
« Gullveig » entre donc à nouveau en chantier dès octobre de cette même année 2007 pour la poursuite de sa restauration. Restauration qui porte cette fois-ci essentiellement sur les aménagements intérieurs.
L'idée directrice est là encore de conserver autant que faire se peut l'aménagement original et l'esprit de l'époque.
Dans la pratique les travaux consistent à réaménager la cuisine qui, après 60 ans de service, a fait également son temps, à remettre en place une petite partie du carré démontée par le dernier propriétaire (celui-ci ayant fait de « Gullveig » sa résidence principale avait agrandi sa "pièce de séjour" jugée un peu étriquée en « démontant », à la tronçonneuse, une cloison et un ou deux placards). Est également réaménagé le poste avant en cabine double et enfin remis en place la couchette du navigateur dans le dog house (aménagements).
Finalement assez peu de chose.
L'essentiel des installations d'origine telles que cloisons, placards, tiroirs, vaigrages, petits équipements comme les serrures, poignées, WC, lampes, etc., est conservé; mais « Gullveig » est cepedant doté d'une nouvelle sellerie.
Après quelques couches de vernis et de peinture voilà « Gullveig », avec la splendeur de son neuvage retrouvée, prêt pour de nouvelles navigations et de nouveaux horizons.
Par la suite, durant l' hiver 2013, Gullveig entre à nouveau en chantier pour revoir et reprendre dans les fonds les raidisseurs de coque reliant les cadènes au massif de quille, les varangues juxtaposées,et certains pieds de membrures associés et l'allonge d'étrave (voir images).
En 2017, nouvelle intervention du charpentier de marine pour changer la carlingue de pied de mât de misaine et le massif de quille correspondant (voir images).
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Restauration
Falmouth juin 2006
GULLVEIG
Restauration - Images